Produits pétroliers. Plusieurs stations services ont fermé boutique, ou croupissent sous le poids des charges fixes, alors que le principal produit de leurs recettes est aux abonnés absents.
C’est un parcours de combattant, que de s’approvisionner en carburant dans la ville de Kribi depuis plusieurs semaines, selon le gérant d’une station MRS qui a requis l’anonymat : ” Notre dernière livraison date du 31 décembre 2022, et nos pompes sont sèches depuis le 2 janvier 2023. Nous sommes donc en plein dans la troisième semaine, en panne sèche.”
Le chef de piste de la station Tradex qui se trouve à l’entrée de la ville, n’a pas apprécié notre arrivée. Et pourtant, il est encore l’une des raisons de la circulation des motos dans la ville balnéaire. Les conducteurs de motos sont alignés aux pompes, s’offrant le luxe de faire le plein de leurs réservoirs, pour la plupart : “Les conducteurs de motos ont l’habitude de consommer le carburant pour 2000 FCFA au maximum, et reviennent à la pompe quand celui-ci semble terminé. Mais, avec cette situation, quand vous avez attendu votre tour pendant environ 90 minutes, vous êtes obligés de faire le plein, car vous ne savez pas quand la ville sera réapprovisionnée”, nous a avoué Molluh Mama, un conducteur de moto taxi.
La surenchère prend les commandes
Deux stations services seulement, sur les six que compte la ville ont encore le précieux sésame sans leurs citernes. Il s’agit de Tradex et Total, qui voient leurs pompes prises d’assaut dès l’ouverture de la station le matin, jusqu’à la fermeture le soir. Certains riverains ont d’ailleurs trouvé l’astuce d’occuper les rangs de demandeurs, avec des bidons qu’ils remplissent pour se muer en revendeurs après les fermetures des pompes. Une situation qui a emmené un contrôleur de la station Total, à stopper le service dans les bidons, au détriment de certains vrais demandeurs: *certains conducteurs de motos venaient avec des bidons, faisaient le plein, et allaient revendre le litre de Super à 1000 FCFA. Cela a emmené à la décision de ne plus servir dans les bidons, et de faire systématiquement la queue, avec la moto, ou votre voiture. C’est alors très difficile d’arriver à la pompe. Quand vous voyez que le rang commence même déjà à déranger la circulation sur la chaussée, c’est compliqué. Je serai obligé de mettre mes enfants sur une autre moto, pour qu’ils aillent à l’école. Je ne sais pas s’ils y seront en sécurité, alors que si j’avais le carburant, je le ferai moi-même comme d’habitude “, nous a confié Alfred Ebang.
Cette situation de panne sèche oblige les conducteurs de motos à multiplier par deux ou par trois, les tarifs, et transfère les incidences sur les autres commerces. Les populations de Kribi, qui vivent ce calvaire depuis le début de l’année 2023, espèrent chaque jour, que la situation va s’améliorer. Chaque entrée de camion citerne dans la ville, est saluée en grande pompe, par des conducteurs de motos qui font la haie d’honneur.
David EYENGUE