Valentin BEO BATO. Ce milieu de terrain dont le centre de gravité est proche du sol (1,70 m), utilise au maximum ses paramètres pour s’inviter dans les surfaces adverses sans être vu par les défenseurs.

 

« Peu importe la taille pour faire quelque chose de géant. On n’a pas forcément besoin de la grande taille, c’est ce que vous êtes appelé à faire qui doit être grand », nous a avisé d’entrée, cet intellectuel qui a mis un premier stop à des études qui commençaient à nuire son ambition. Il y avait une clause pour avoir le football comme seul choix : « j’ai beaucoup bataillé avec mes parents qui voulaient que j’obtienne au moins le baccalauréat avant de continuer dans le football. Depuis que j’ai donc eu le fameux bacc A4, j’ai carte blanche ». Beo Bato a bataillé pour obtenir son visa parental pour le football, et doit continuer la bataille sur les pelouses, maintenant qu’il y est. Ce bout de génie n’a pas le complexe que baladent certains hommes de son environnement. Sa ville de naissance, sa région et même les autres qualificatifs qu’on lui colle ici et là : « je suis né à Ngotto, le 10 octobre 1996 ». Le milieu de terrain nous colle encore un dribble quand nous lui demandons où se trouve Ngotto : « c’est après Batouné, on traverse Bertoua, on traverse Batouné et on arrive à Ngotto, à l’Est ». Et pourtant, Bertoua dans l’Est du Cameroun aurait suffi. Mais, Béo Bato tient bien à ses origines et accepte des coups au propre comme au figuré : « Quand je parle de ma ville de naissance, certains me disent que c’est loin. Je ne sais pas trop pourquoi, mais c’est quelque chose qu’on a tendance à me répéter, parfois on me traite même de Pygmée. Mais, ça ne me gêne pas, je suis fier de l’être ».

 

Celui qui a le veto des parents pour aller au foot profite paradoxalement d’une offre naturelle de son père alors qu’il n’est âgé que de 12 ans : « je commence à jouer étant tout petit, mon père travaillait à Ebogo, c’est une zone après Yokadouma qui est aussi une zone reculée. C’est mon enseignant du CM2 qui me prend à cet âge pour faire un test à Yaoundé. Ce test n’a pas vraiment été concluant et sur le chemin du retour, nous croisons monsieur Ebwelle (Ndingue Bertin, ndlr) qui a un centre de formation Moussango. Il me demande de revenir pour un autre test » .

 

 

 

Le gamin va annoncer la nouvelle à son père qui ne va lui donner la permission que pour des vacances scolaires. Après quatre années au centre de l’ancien Lion Indomptable du Mondial 90, Beo Bato fera ses débuts à 17 ans dans la Colombe du Dja, alors en Elite 2. Une seule année suffira pour que Eding Sport de la Lekié le sollicite pour un bail de quatre ans, ponctué par un titre de champion du Cameroun 2017, avant que le milieu de terrain ne signe dans Les Astres de Douala où il retrouve Anicet Mbarga Foé et Nicolas Tonye Tonye qui l’ont eu dans leur effectif d’Eding en 2017.

 

Ce poids mouche (69 kgs) et ses 170 centimètres donne du plaisir à regarder sur plusieurs postes du terrain : « je suis milieu de couloir, milieu de terrain, avant-centre. J’ai été formé sur ces trois postes ». Positionné juste derrière les attaquants, Valentin Beo Bato se porte comme un charme et distille des passes de buts aussi bien qu’il prend des coups des défenseurs : « je n’ai aucun complexe devant de grands gabarits, tout comme je peux comprendre pourquoi je prends des coups souvent. Personne ne peut accepter et vous applaudir, quand vous êtes un danger pour lui. Je les comprends », nous a-t-il lancé après sa sortie sur une civière lors du match de la 17ème journée face à Panthère du Ndé (le 30 mai 2022), un match que remporte son équipe Les Astres de Douala (2-0) sur deux buts de Jean Simplice Mbang et Axel Romuald Ndzana, marqués après des passes du milieu de terrain en or Valentin Béo Bato. Le score de la partie aurait été plus lourd, si Tetek Makon avait transformé le penalty obtenu par Beo Bato, fauché dans la surface adverse plus tôt dans la partie. Le milieu réalisait alors ses huitième et neuvième passes de buts depuis le début de la saison, des statistiques qui parlent pour sa sélection dans les Lions Indomptables par Rogobert Song, le Manager Sélectionneur dans le groupe des joueurs locaux qui aspirent à des places chez les grands Lions. Vainqueur de la coupe du Cameroun en 2018 avec Eding Sport de la Lekie,  Béo Bato Valentin faisait déjà partie des Lions A’ du CHAN 2020 qui avaient terminé au pied du podium. Le joueur qui rêve de la grande équipe des Lions sait qu’il manque des passeurs attitrés dans cette équipe et croit pouvoir apporter une solution : « oui je pourrais apporter une solution, mais avant d’en arriver là il faut beaucoup travailler. Se mettre dans la tête que ça ne va pas être facile, il faut que je me mette au travail pour pouvoir arriver à ce niveau ». Le Lion venu de chez les Pygmées offre déjà tout ce qu’il a pour que son équipe Les Astres de Douala, fasse la course en tête seul, sur le fauteuil de leader de la poule A de MTN Elite One depuis 14 journées déjà. Il aura fallu du temps, et le retour des matches en championnat, pour que le public découvre ce diamant de l’Est Cameroun.

 

David Eyenguè