Priso Ndom Pauline Marcelle. La jeune buteuse d’Eclair Football Filles de Sa’a a obtenu le droit de jouer au football après être passée par des bastonnades des parents qui exigeaient le diplôme académique avant toute négociation.

Elles sont d’abord l’attraction de leurs coéquipières, avant d’être confondues par les adversaires à chaque match de leur équipe Eclair Football Filles de Sa’a. Heureusement qu’il y a des dossards sur les maillots, et les postes sur le terrain qui aident à les distinguer. Celle qu’on peut appeler la cadette des deux, l’avant-centre au dossard 15, veut aussi que le public s’habitue à ses performances : « j’ai marqué deux buts en deux matches comme titulaire ». Celle qui revient d’une longue période de blessure n’a pas encore retrouvé son poste comme titulaire, mais a fait parler la poudre aux deux rencontres consécutives qui ont donné quatre précieux points à son équipe : « c’est elle qui a marqué contre FAP et nous avons fait un match nul (1-1), et elle a encore marqué à Douala face à Authentic, et nous avons gagné un but à zéro », nous confiait Christian Onana, le président du club.

Cette buteuse importante aurait pu devenir une joueuse de volleyball, ou même ne jamais pratiquer de discipline sportive, quand un aîné du quartier les a, sa sœur et elle, emmenées au football : « Avant, je jouais au volleyball. Mais, là-bas, je n’ai pas eu la chance d’être orientée comme cela a été le cas au foot où un aîné au quartier nous a montré la voie. Il nous emmenait aux entraînements ». Il fallait pourtant se cacher pour jouer au football, car les parents n’en voulaient pas : « Avant, on se cachait pour jouer, et quand on rentrait, c’était la bastonnade. Pour avoir notre permission de jouer au foot, cela a été difficile. Papa brûlait les shorts, les godasses, et après il nous a donné la condition de réussir au baccalauréat avant de choisir ce que nous allions faire. Après, Papa s’est fatigué, mais c’est parce que nous avons obtenu chacune son baccalauréat ».

Marcelle Pauline Priso, l’attaquante au dossard 15 a obtenu de hautes luttes, son droit de jouer, et partant, de ne se donner qu’à cette passion pour le moment : « Après mon baccalauréat A4 obtenu en 2020, j’ai d’abord décidé de jouer au football qui est ma passion. J’ai d’abord mis un trait interrompu sur mes études ». Des études qui sont une probabilité future : « j’ai un plan B, celui de devenir professeur d’Education Physique et Sportive (EPS) » Née le 1er janvier 2000 à Yaoundé , la joueuse de 22 ans est déjà passée dans les catégories inférieures de l’équipe nationale et rêve plus grand aujourd’hui : « J’ai déjà goûté aux sélections chez les juniors et les cadets, maintenant je rêve de l’équipe A. Je sais que toutes les joueuses ont une chance d’y aller, maintenant que ce sont les plus fortes qui sont sélectionnées. Avec la nouvelle politique à la fédération, il ne me reste qu’à travailler dur pour avoir aussi ma chance ». Depuis l’obtention de leur baccalauréat, Pauline Marcelle Priso et sa sœur jumelle ont un grand soutien de leurs parents : « Sans l’accord de mes deux parents, je n’allais pas jouer au ballon. Mon Papa et ma Maman nous encouragent beaucoup ». Ce soutien parental, elle en aura encore besoin, avant que le football féminin ne soit totalement professionnel au pays de Samuel Eto’o.

David Eyenguè