Tournoi Lumières de Femmes. Deux hommes s’emmènent et entrent dans le court pendant le match d’ouverture de la deuxième édition de ce tournoi à l’honneur de la femme ce 2 mars 2022.

Elles croyaient pourtant avoir bien fait de s’inscrire dans ce tournoi à l’honneur de la femme pour des activités autres que les revendications qu’on leur prête pendant la semaine à elles, consacrée. Monsieur Bertrand Temgoua croyait avoir fait ce qu’il faut pour montrer au maximum les lumières qui somnolent en ces femmes, en répondant positivement au sponsoring d’un tournoi qu’organise la ligue régionale du Littoral de tennis. Alors que Gaelle Moudio Ndedi, journaliste et Claire Djoumessi, femme d’affaires s’expliquent, raquettes en mains dans un match d’ouverture aux allures de gala, ces deux anciennes championnes universitaires de la petite balle jaune se sont vues frustrées par un duo d’hommes aux allures et attitudes antiques. Alors que l’arbitre de la partie essaye de faire entendre le score qui offre 90 secondes de repos sur leurs chaises respectives et que Gaelle Moudio revient se ressourcer avant de reprendre une partie difficile, un des hommes qui s’est incrusté dans le court, occupe dangereusement son siège, au mépris du règlement et même de l’arbitre de chaise et du juge-arbitre présents.

Les deux dames au début de la rencontre étaient toutes souriantes en compagnie du Juge-arbitre et l’arbitre de chaise

Le scandale sera encore plus profond quand le corps étranger décide de porter ses chaussettes en  posant ses pieds de sexagénaire sur la chaise qu’occupe la dame pour le repos, alors que de la tribune des supporters, on lui exige le respect des dames, du règlement, du tournoi et du tennis, ce sport dont il se réclame pratiquant : « C’est un tournoi ? Moi je m’en fous, c’est mon heure de jouer et je dois occuper le court ».  Un court central que son potentiel adversaire a rejoint lui aussi, non sans avoir participé à sa manière, au scandale que vient de créer son partenaire. Ce deuxième acteur misogyne du film macabre trouve plutôt décalée, la réaction de reporter dans les gradins, qui est scandalisé par leurs actes : « c’est pour si peu ? Vous avez certainement un autre problème », a-t-il lancé. Les deux acteurs du scandale bien pensé ont décidé de rester dans l’aire du court central jusqu’à la fin du match que les deux dames ont décidé de terminer malgré tout. Un d’eux a même tenté de menacer le reporter qui filmait la scène : « il sort d’où celui-là ? Il est même normal ? » a-t-il ruminé pendant que l’autre tentait de se donner les raisons de son manque de respect à la gent féminine : « c’est mon heure pour jouer, j’ai introduit ma carte et je suis entré dans le court. Je m’en fous si c’est un tournoi ou si ce sont les femmes qui jouent ». Un film macabre qu’auraient pu éviter ces vétérans d’un autre genre, sous les yeux de nombreuses joueuses âgées de 5 ans et plus, toutes inscrites dans le tournoi, installées dans les gradins en attendant la fin de ce match d’ouverture. Un 2 mars, en pleine semaine mondiale dédiée au respect de la femme, en 2022, loin du moyen-âge, une époque où on pouvait imaginer un tel scénario.

David Eyenguè