A l’annonce de la nomination, ce 28 février 2022,  de l’ancien capitaine des Lions Indomptables comme Manager Sélectionneur, le monde entier s’accorde à dire qu’il ne fallait plus que ça pour la reconnaissance d’un patriotisme sans faille.

La France, l’Angleterre, l’Allemagne et l’Italie, quatre des cinq grands championnats au monde, font partie de son palmarès. Au FC Metz ou à Lens en France, à Liverpool ou à West ham en Angleterre, à Cologne en Allemagne ou à Salernitana en Italie, Rigobert Song Bahanag a laissé des traces, et s’est même payé le luxe d’une aventure turque au Galatasaray de Istanbul, au point qu’on a même presqu’oublié qu’il était un gamin tout frêle sorti de l’Ecole des Brasseries en 1989 lors de la sortie de la première promotion, et qu’il avait posé ses valises à Red star de Bangou avant le Tonnerre Kalara Club de Yaoundé. C’est un globetrotter de 46 ans qui vient de poser ses valises au sein de la tanière, comme Manager Sélectionneur de la meilleure équipe nationale africaine du siècle. Il fallait peut-être qu’arrive Samuel Eto’o à la tête de fédération Camerounaise de Football pour réparer ce qui semblait être une injustice, qu’un Camerounais n’aie pas le droit de diriger techniquement l’équipe du Cameroun, au moment où plus des trois quarts des sélections africaines présentes à la CAN ont montré une confiance aveugle à leurs valeurs nationales. Rigobert Song Bahanag a passé toutes ces (ses) classes avec brio, lui qui a été sélectionné pour la grande équipe nationale du Cameroun, alors qu’il n’était qu’un minuscule défenseur tendancieux au sein d’une équipe amateur du Tonnerre Kalara Club de Yaoundé, et pour sa première grande compétition, la Coupe du Monde 1994 aux Etats Unis à l’âge de 17 ans seulement.

16 ans en équipe nationale

Rigobert Song Bahanag est le joueur qui a le plus porté le maillot des Lion Indomptables pour défendre la patrie. A ce titre, personne, mais alors personne ne peut trouver à redire sur son choix comme sélectionneur. Pour porter à 137 reprises le maillot vert-rouge-jaune, Rigo a fait le tour du monde avec un début des plus tumultueux en Coupe du Monde 1994. Le jeune défenseur du TKC est alors titulaire aux côtés de Raymond Kalla, son compère de la défense centrale. Juste avec Agbo Hans et Tataw Etah Stephen de regretté mémoire, mettant sur la touche des sommités comme Victor Ndip Akem, Kana Biyick ou encore Samuel Ekeme Ndiba. Malgré les 93194 spectateurs du Rose Bowl de Los Angeles, le jeune garçon venu du Cameroun a tenu devant les attaquants de renommée mondiale comme Ingesson ou Dahlin Martin, pour un match nul (2-2) devant la Suède. Pour son deuxième match dans cette Coupe du Monde, c’est le Grand Bresil avec Dunga, Romario, Bebeto, Leonardo, Rai, Jorghino et Taffarel en face, une équipe où Cafu et Ronaldo n’ont place qu’au banc de touche. Ce ne sont ni ces grands noms, ni les 83401 spectateurs du Standfor Stadium du San Francisco qui vont impressionner le gamin. Rigobert Song va simplement retenir le nom de Brizio Carter Arturo, l’arbitre Mexicain qui lui colle un carton rouge à la 63ème minute : « très jeune, avec la fougue et un manque d’expérience à l’époque, il avait répondu à une provocation de Romario, et avait été pris au piège de l’arbitre qui lui avait collé un rouge. Il venait pourtant de subir une faute du même Romario, et l’arbitre n’avait pas bronché. Ce carton nous a pénalisé pour cette fin de match et pour le reste de la compétition », nous a avoué Jean Pierre Fiala Fiala son coéquipier en sélection dans cette coupe du monde-là. « Mais malgré cette frustration, à sa première grade compétition, il va revenir plus fort, au point de faire quatre Coupes du Monde, il faut s’appeler Rigobert Song, et avoir le « HEMLE » comme lui pour le faire », a conclu Jean Pierre Fiala.

10 ans de capitanat et des records

Des Coupes du Monde, il en jouera encore : 1998 en France, 2002 en Corée et au Japon, 2010 en Afrique du Sud, avec la même envie et la même hargne du premier jour. Pour les Coupes d’Afrique des Nations (CAN), Rigobert Song est presque seul dans le cercle qu’il a dessiné, celui des joueurs ayant participé à huit CAN avec son pays comme joueur. A 137 reprises, il a porté le maillot du Cameroun et pendant plus de 10 ans sans discontinuité, il a porté le brassard de capitaine. Ce tour du monde des stades, Rigo  a ramené des titres à la pelle, dont les plus prestigieux sont ceux des CAN 2000 et 2002. Il décide d’arrêter sa carrière après la Coupe du Monde 2010, et il est nommé le 18 février 2016 comme entraineur sélectionneur de l’équipe nationale A’ qu’il va conduire au Maroc en 2018 pour le Championnat d’Afrique des Nations. En octobre 2018, il est porté à la tête de la sélection des moins de 23 ans, une sélection qu’il va conduire à la CAN Total U23 en Egypte avec des joueurs comme Omossola Simon, Mbaizo Olivier, Nouhou Tolo, Oum Gouet Samuel ou Martin Hongla qu’on a retrouvé dans le groupe des Lions A qui ont terminé 3ème de la CAN Total Energie Cameroun 2021. Ce défenseur central emblématique né un 1er juillet 1976 à Nkenglikok dans la région du Littoral est père de quatre enfants. Celui qui est depuis le 28 février 2022 a été choisi par Samuel Eto’o, le Président de la Fédération Camerounaise de Football. Les deux hommes qui ont tout donné au pays sur les stades, doivent maintenant s’accorder pour mettre la sélection camerounaise là où elle devrait être depuis des années, l’une des plus respectées au monde. Le transfert de ce patriotisme sans faille devrait commencer le 25 mars 2022, lors du premier match du dernier tour éliminatoire pour Qatar 2022, face à l’Algérie au stade de Japoma.

David Eyenguè