Engolo Danielle France. Cette journaliste de 30 ans occupe un poste de grande responsabilité à 2M,  le deuxième plus grand pôle de médias au Royaume Chérifien, et rêve de ramener un grand projet dans son pays.

Arrivée au Maroc en 2008 après l’obtention de son baccalauréat A4 dont la mention Bien lui a permis d’être parmi les 35 étudiants de la bourse de coopération entre le Maroc et la République du Cameroun, celle qui était allée pour des études en langues est devenue journaliste par la force des choses, et dirige aujourd’hui un projet de lutte pour la reconnaissance de l’expertise féminine en Afrique, dans le domaine du journalisme : « A LA CHAINE 2M, Je ne suis ni à la radio, ni à la télé. Je suis dans un comité Parité et diversité. Il a été créé en 2013 au sein de la chaine 2M, avec pour objectif de promouvoir l’image des femmes dans les médias. Au sein du comité, je suis chef de projet. Je suis en charge d’une plateforme qu’on appelle Africa Women Experts dont l’objectif est de promouvoir plus de femmes expertes dans les médias. Le projet a été créé sur la base d’un constat : quand les journalistes recherchent de l’expertise par rapport à une question bien précise, généralement, ce sont des hommes qui sont contactés. Et pourtant, des femmes expertes existent dans différents domaines ».

Parmi les 900 employés de la chaîne, La Camerounaise et son équipe occupe un compartiment entier pour la reconnaissance dans le continent, des moyens que détiennent aujourd’hui les femmes dans le domaine des médias.

Embûches

Le parcours de la journaliste n’a pa été un long fleuve tranquille. Inscrite en faculté des lettres en Master, elle doit passer un stage dans un journal gratuit. Danielle France Engolo n’a pourtant pas de bons souvenirs de ce premier stage : « Quand je suis arrivée ici je me suis inscrite à la faculté des lettres où j’ai obtenu une licence en Littérature anglaise et puis un master en anglais  (Cultural Studies), et dans le cadre de ce master-là, nous avions un module dédié aux médias. J’ai eu la possibilité de faire un stage dans un journal qui était gratuit. Cela ne s’est pas très bien passé, parce qu’on voulait que je sois stagiaire full time. Après j’ai trouvé un stage dans un journal où finalement j’ai été embauchée. Après deux mois de stage, j’ai validé mon master. J’ai poursuivi le stage pendant plus d’un an, en parallèle de mon master 2. »

La jeune dame prend goût à la chose journalistique et se jette dans un premier vrai contrat, Al Bayan le quotidien francophone qui fait encore 5000 ventes effectives par jour se présente à elle. Son passage sur le terrain avec assiduité et passion, lui ouvre le chemin d’une carrière qui parle : « Je m’occupais de l’actualité culturelle pendant deux années, avant d’aller en Société. Pendant deux années, j’étais sur le terrain de la Société, puis je suis devenu Secrétaire de Rédaction de 2015 à 2019, en charge de piloter la réalisation du journal et à corriger les articles des collègues.  Au four et au moulin au jour le jour. Je n’ai pas eu à faire des études de journalisme à la base, mais j’ai appris le métier. Je l’ai appris aux côtés de grands journalistes qui ont été pour moi des mentors. »

Celle qui est arrivée à 2M en janvier 2020 s’est vue confier le projet qu’elle pilote de mains de maître : « Au sein du comité, je suis chef de projet. Je suis en charge d’une plateforme qu’on appelle Africa Women Experts dont l’objectif est de promouvoir plus de femmes expertes dans les médias ».

Expertise féminine

Le travail de Daniel France Engolo s’étend sur tout le continent : « Nous construisons un répertoire de femmes dans plusieurs domaines dans tous les pays d’Afrique, et son objectif c’est de mettre à la disposition des journalistes Africains, une base de données de femmes expertes dans laquelle ils peuvent puiser des ressources, des contacts pour pouvoir faire leur travail. On veut aussi mettre en avant ces femmes expertes-là qui ont une expertise très poussée. Je suis en charge de ce projet-là, je le pilote dans son entièreté. Je suis en charge de la création des contenus pour la plateforme et le site web que nous avons. Je me charge de contacter les femmes expertes de tous les pays ».

Une responsabilité continentale aujourd’hui, pour celle qui a été obligée de passer par les petits métiers (fille au pair, cours de soutien) pour se prendre en charge après la fin de la bourse de coopération. La chrétienne qui a des responsabilités à l’Eglise Protestante du Maroc est titulaire d’un master en politique de communication, obtenu  à l’université de Versailles.  L’originaire du Dja et Lobo dans le sud pense à ramener au Cameroun plusieurs projets.

David Eyenguè