Assurances. Le Ministre des Finances Louis Paul Motazé l’a appris à ses dépens à Douala ce vendredi 04 juin 2021, lors de l’installation du nouveau bureau exécutif de l’Asac.
Si cela avait été dans le secteur de l’éducation, on aurait conclu que les Camerounais sont à 98% analphabètes. Venu pour installer le nouveau bureau exécutif de l’Association des Sociétés d’Assurances du Cameroun, le Ministre des Finances a tout d’abord été invité dans un huis-clos avec les acteurs du secteur, pour parler clairement des problèmes qu’ils rencontrent depuis plusieurs années. Chefs d’entreprises du secteur, bureaux sortants et entrant se sont retrouvés autour du ministre pour toucher du doigt les réalités qui font des Camerounais des analphabètes des assurances. Entre les lois signées depuis 46 ans et pas appliquées (une loi qui oblige une assurance tous risques sur les chantiers de plus de 100 millions, signée depuis 1975 et qui n’est pas appliquée alors que les chantiers de ce genre fleurissent), et l’attente du décret d’application sur une loi qui existe depuis 2018 sur les sorties de conteneurs des ports, les hommes du secteur des assurances ont parlé de tout avec Louis Paul Motazé, sur la gangrène qui mine ce secteur au Cameroun. Entre corruption des usagers, laxisme du gouvernement et manque de pédagogie et de sérieux des assureurs eux-mêmes, Thierry Kepeden a tiré la sonnette d’alarme dans une comparaison : « Juste deux chiffres : à population et à pouvoir d’achat comparable, le chiffre d’affaires de la Côte d’Ivoire en 2020 est de 415 milliards de francs CFA, au Cameroun la même année est de 210 milliards de Francs CFA, et il stagne. Donc, il y a quelque chose à faire ». Le nouveau président du bureau exécutif de l’Association des Sociétés d’Assurances du Cameroun (Asac) a promis d’activer plusieurs leviers avec l’Etat, pour changer la donne d’ici peu.
Pour sa part, le Ministre des Finances a attiré l’attention des assureurs sur l’importance de ce secteur dans la vie de l’économie nationale : « Les assureurs c’est comme les banquiers. Ce sont les entreprises qui drainent des parts. Quand on dit qu’ils drainent des parts, vous voyez déjà les intérêts des individus. Mais il y a également l’intérêt de l’économie en général. Parce que c’est grâce à cette épargne que nous finançons les opérations de développement. Vous comprenez donc que le gouvernement, à travers le ministère des finances soit très regardant sur ce qui se passe au niveau des assurances ». Et pourtant, les Camerounais montrent chaque jour, leur désintérêt des assurances, à cause du traitement à eux affligé. Louis Paul Motazé n’a pas manqué de faire la remarque : « Quand un assuré a un sinistre, il attend d’être indemnisé. Il ne faut pas que ce soit à ce moment-là qu’il y ait des retards, de non paiements et tous ces problèmes-là qui viennent grever la relation et le climat de confiance qui devrait exister entre les assureurs et les assurés ». Des échanges que les acteurs directs du secteur (Etat -assureurs) ont promis de mettre en valeur pour la remontée de notre apprentissage des assurances.
Thierry Kepeden remplace Théophile Moulong qui a passé quatre années à la tête du bureau exécutif. Le Ministre des Finances Louis Paul Motazé a installé le nouveau bureau de l’Asac ce vendredi 4 juin 2021 à Douala. Un bureau qui aura deux années civiles pour atteindre les objectifs fixés d’éducation des masses sur les assurances.
David Eyenguè