Depuis des mois, les responsables du syndicat des patrons de boulangeries essayent en vain de trouver une solution à la bonne marche de leurs activités, suite aux augmentations du prix de la farine.
Le consommateur continue d’avoir son pain à 125 francs cfa la baguette de 200 grammes, mais le boulanger qui le produit subit de nombreuses augmentations des prix de matières premières telles que la farine. Une somme de 1000 fcfa a été augmentée sur le sac de 50 kilogrammes de farine, et a incité les patrons de syndicats de boulangers à aller rencontrer le ministre du commerce pour demander la solution qui devrait équilibrer leurs dépenses. Après de longues concertations avec Luc Magloire Mbarga Atangana, les boulangers se sont entendu dire : « débrouillez-vous, pour trouver une solution interne à ce problème. Pas question de faire une augmentation officielle du prix du pain, et le consommateur doit continuer à recevoir son pain en boutique, au prix de 125 francs cfa la baguette de 200 grammes ». Face à leurs responsabilités, les Boulangers se sont concertés et ont décidé, pour ceux de la ville de Douala, d’accorder moins de marge bénéficiaire aux intermédiaires que sont les livreurs et partant, les boutiquiers. Après une longue réunion de concertation entre patrons de boulangeries, il avait été décidé d’augmenter de 10 francs cfa, le prix du pain à la sortie de l’usine.
La grogne des livreurs
Alors que les membres du syndicat ont pris la décision d’augmentation et l’option d’information des autres membres absents, la mise sur pied de cette mesure dès le 1er avril 2021 a suscité une grogne des livreurs. Certains ont décidé dans un premier temps de ne pas travailler, et une bonne partie de la ville s’est retrouvée sans pains. D’autres, bloqués par la mesure d’augmentation dans leurs boulangeries, sont partis ailleurs, chez certains propriétaires de boulangeries qui n’ont pas respecté le mot d’ordre. On a donc assisté à un meli-melo dans le secteur, avec des boulangeries qui sont à l’arrêt pour avoir choisi de respecter l’ordre établi par le syndicat, et celles qui tournent à 200 pour cent après avoir récupéré les livreurs de leurs voisins. Parmi les boulangeries qui ne respectent pas les règles édictées par le syndicat, il y a des gros calibres comme Santa Lucia et autres indépendants comme les Goudis, se plaignent les propriétaires de boulangeries des zones de Bonamoussadi et Douala Nord, et ceux de la zone de Bew Bell.
Le ministre du commerce est formel
Les responsables des syndicats ont encore fait une descente chez le ministre du commerce, et selon Luc Magloire Mbarga Atangana, la solution se trouve en interne chez les boulangers, avec l’obligation de garder le pain à 125 francs cfa la baguette.
Une autre réunion de concertation a eu lieu à Douala ce 7 avril 2021 entre patrons de boulangeries, dans le but de restituer la réalité sur le terrain et trouver des mesures. On aura appris que plusieurs boulangeries ne veulent pas se conformer à la règle, et que certains pensent plutôt à la marge individuelle et aux charges liées à leurs fonctionnements, qu’à la marge collective pour le bon fonctionnement du secteur. Les prix du pain sorti d’usine varient entre 75 francs cfa et 110 francs. « Certains de nos confrères ont de grandes productions, peuvent faire plus de 2000 sacs par mois, alors ils peuvent livrer le pain à 75 francs, et s’en sortir, alors que les petits producteurs comme nous qui faisons moins de 200 sacs par mois, nous ne pouvons nous permettre de suivre ce rythme. Quand nous mettons le pain à 90 francs, nos livreurs désertent et vont chez ces gros-là. En plus, avec leurs grandes productions, le prix du sac de farine n’est pas le même que le nôtre à l’achat », nous a laissé entendre un Boulanger dans l’anonymat.
Le syndicat est entre la marteau et l’enclume
D’un côté, l’Etat qui veut maintenir le prix officiel du pain à 125 francs, et de l’autre, les meuniers qui ont augmenté et menacent encore d’augmenter le prix de la farine, les Boulangers sont entre le marteau et l’enclume. « Quand le ministre du commerce nous renvoie en interne, on rencontre encore ce bourbier créé entre gros et petits producteurs », a conclu notre ami anonyme. Depuis quelques semaines, les responsables de syndicats les boulangers sont roulés dans la farine. Des réflexions sont menées ici et là, pour trouver la solution.
David Eyenguè