L’entraîneur de Raphael Ngaguele est optimiste sur les prochaines performances du sprinteur Camerounais, au plus grand rendez-vous mondial de Tokyo.

Vous décidez de prendre avec vous un jeunot de 17 ans et de rêver de faire de lui un champion. Qu’avez-vous fait pour l’arracher aux autres entraineurs qui le voulaient ?

Vous savez, la base de l’athlétisme, c’est la détection. Dans ma ville où je vis à Yaoundé, j’ai ciblé les lieux où les plus jeunes font du sport, qui s’expriment librement sous forme de jeu. Et l’un de ces lieux, c’est le Mateco (stade réservé aux sports dans l’enceinte de l’université de Yaoundé 1, ndlr). Ce jour, j’étais assis aux gradins, et j’ai observé le jeune Raphael qui s’amusait à courir avec un collègue et ses camarades. J’ai vu la façon dont il s’est exprimé, et j’ai dit : ça c’est un talent. Je l’ai abordé et lui ai proposé de me suivre, et je lui ai parlé des avantages de l’athlétisme. Il a adhéré

Trois ans seulement après cette détection, vous battez le record du Cameroun. Aviez-vous l’espoir d’y arriver aussi tôt ?

Cette question m’a toujours donné des frissons. Parce que ce sont des performances de haut niveau, des choses pour lesquelles on prie, les choses pour lesquelles on travaille dur. Et quand ça arrive comme ça, on ne peut qu’être en joie. Ma joie est parfaite, et je rends gloire à Dieu. Cela me donne une fois de plus l’occasion de remercier le Seigneur, pour ce qu’il a accompli.

Au moment de la détection, vous vous êtes dit qu’il va casser la barraque ou bien il sera un athlète simplement reconnu dans l’échiquier national ?

Bien sûr que je pensais au meilleur. Et en athlétisme, on ne limite pas l’athlète. Il n’y a que Dieu qui connait le talent qu’il a mit en chacun. On ne peut que mettre la barre vers les objectifs majeurs. Et ces objectifs majeurs en athlétisme ou dans le sport, ce sont les jeux olympiques (JO). Nous avons ciblé ces JO il y a trois ans, aujourd’hui nous y sommes. Cela nous encourage à travailler davantage.

A voir ce potentiel, vous pensez qu’il peut faire mieux ?

Nettement ! Il peut nettement faire mieux. Si vous regardez sa course, vous verrez. Pour un enfant qui n’a que trois ans de pistes, et qui n’a pas encore selon la méthodologie de l’entrainement, réunit tout le temps, (Raphael Ngaguele  est élève et continue de faire sports et études, etc), et qu’il vienne faire ça, c’est énorme, c’est immense ! Nous croyons que même cette saison, il pourra faire mieux que ce qu’il vient de réaliser aux 200 m, et aux 100 mètres également.

On peut compter sur lui pour bousculer les lignes aux JO ? Est-il aussi éloigné des grands champions qui y seront ?

Pas du tout. Raphael vient de réaliser une performance mondiale. C’est d’ailleurs une des Top 5 de ce début de saison dans le monde en outdoor. Vous savez que les minimas aux 200 m ont été améliorés et placés à 20’24’’ (20 secondes 24 centièmes) qui est déjà du très costaud, et un enfant vous fait du 20’09’’ à ce moment de la saison.  Et quand vous vous amusez à regarder le ranking mondial en ce moment, il est parmi les deux meilleures performances aux 200 mètres. Donc c’est à espérer, pas seulement au niveau continental avec les jeux africains, mais aussi au niveau olympique. Nous n’allons pas y aller pour participer, nous y allons avec un espoir du podium, par la grâce de Dieu.

Propos recueillis par David Eyenguè