Joseph Blaise Nonga Nonga, l’entraineur national de lutte gréco-romaine nous parle des chances de médailles de la lutte pour les prochains jeux olympiques, malgré le manque actuel de compétitions.

Comment se porte la lutte au Cameroun ?

Comme tous les sports qui ont été touchés par Covid 19. C’est-à-dire au ralenti. J’allais dire très au ralenti même. Mais nous sommes obligés de faire de petits groupes pour travailler, pour que le mouvement sportif continue de vivre.

On voit que vous avez décidé de la reprise des entrainements en ce début de mois de mars malgré un vide dans le calendrier ?

Non, ce n’est pas la reprise. Nous avions repris depuis, nous avons arrêté. Ceci est la seconde reprise après l’interruption.

C’est une initiative fédérale ou personnelle de l’entraineur ?

Ce que je fais est dans le programme de la fédération, certes, mais ceci est une initiative personnelle, parce que dans le Littoral, nous avons une académie régionale. Nous travaillons de manière perpétuelle avec les jeunes, cela nous permet de poursuivre la détection et de rendre plus pointilleux l’entrainement de ceux qui sont déjà des athlètes aguerris.

Choisir la lutte dans un environnement où on ne connait que des stars du football, est-ce   facile pour vous de convaincre ces jeunes-là ?

J’y arrive quand-même quelques fois. Je suis professeur d’éducation physique et sportif en service au Lycée technique de Koumassi ici à Douala, un cadre qui me donne accès à des jeunes élèves à qui on peut donner un conseil d’orientation. Moi-même j’ai pratiqué la lutte pendant 20 ans comme athlète. Et depuis 2014, je suis entraineur national. Je ne sais pas quoi faire d’autres, si ce n’est conseiller et orienter des jeunes vers cette discipline à leur portée.

Parmi vos enfants ici présents, il y a un profil différent qui se fond dans la masse malgré un titre de champion d’Afrique gagné très tôt dans sa carrière…

Christian Guidilim est un espoir de la lutte Camerounaise. C’est un jeune qui monte, qui a obtenu le titre de Champion d’Afrique cadet il y a deux ans alors qu’il n’est âgé que de 15 ans, c’était au Maroc en 2018. Malgré le fait qu’il n’y a pas de compétitions pour les jeunes, malgré le fait que la lutte ne voyage plus, nous continuons de le suivre, parce que nous avons espoir qu’il peut être celui qui nous ramènera une médaille en 2024. Il vient d’obtenir son baccalauréat C et est étudiant à l’université de Douala à l’école polytechnique. Nous continuons de le suivre là-bas aussi, et ici en privé.

Comment êtes-vous tombés sur cet athlète ?

C’était aux jeux fenasco, il était en classe de 3ème. Il avait déjà une lutte très instinctive, naturelle, dénuée de tout calcul. Il luttait vraiment pour lutter. Et j’ai compris rapidement qu’il pouvait aller loin. Avec le temps, j’ai constaté une certaine discipline en lui : son goût pour l’entrainement, sa ponctualité, sa régularité et surtout le fait d’allier tout ceci à des études, à cet âge, il n’y a pas beaucoup de jeunes comme ça. Guidilim est un champion en devenir qu’il faut suivre à partir de maintenant, et qui aura des choses à faire dans la lutte au niveau du Cameroun, de l’Afrique, et pourquoi pas du monde, avec une éventuelle médaille olympique à Paris en 2024. S’il est suivi dès maintenant, c’est une chance de médaille.

Propos recueillis par David Eyenguè