Quel est l’état des lieux du rugby camerounais aujourd’hui ?

Comme toutes les autres fédérations de rugby au Cameroun, nous avons connu un passage à vide avec les querelles intestines, avec des égos. Mais on est revenu à la raison, et on essaye un peu de taire les orgueils personnels, pour faire passer l’intérêt général. Mais le retour n’est pas facile avec le contexte covidien qui est le nôtre aujourd’hui, il faut chercher des financements, il faut avoir des équipes structurées qui peuvent prendre part aux compétitions, et ce n’est pas évident. Le chantier est vaste et truffé de nombreux problèmes, mais cela ne décourage pas pour autant les jeunes loups qui sont à la tête de la fédération aujourd’hui. Ils sont reconnus par le ministère des sports et de l’éducation physique ainsi que les organisations internationales, et nous, en tant que formateurs, on soutien. Il y a plusieurs équipes aujourd’hui, huit équipes qui prennent part au championnat national à 15 en seniors, il y a un grand pôle de développement qui s’organise notamment dans la région de l’ouest, dans le Centre et au Nord. Le Littoral est un peu à la traîne, mais détient quand même une des équipes phares qui est Addax Rugby club de Douala qui porte le rugby national  au vu des trophées remportés ces dernières années. Il y a un gros travail de fond qui se fait. Il y a deux mois à peine, nous avons reçu au Cameroun, les différents responsables de la World Rugby qui venaient voir s’il fallait réintégrer le rugby camerounais au niveau des compétitions internationales. Ce qui a été fait, avec tout ce qui va avec, tout ce qu’ils ont vu avec le travail qui est effectué sur le terrain. Il fallait aussi produire un jeu avec les dames pour montrer que nous méritions aussi d’entrer en compétition internationales avec les filles. Ils ont été hyper séduits. Et s’il faut les citer Adama Batkoum et Charles Yapo ont dit : « Le Cameroun peut rivaliser d’adresse avec l’Afrique du Sud, si on met un peu de sérieux dans le travail qu’ils ont vu. Pour le rugby à 7 féminins, on avait déjà quelques équipes, et nous les avons séduits avec le déploiement du rugby à 15 féminins. Selon eux, le Cameroun a des atouts pour se présenter comme outsider au niveau du rugby mondial. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de solliciter les différents sponsors traditionnels du rugby dans le monde, qui sont présents au Cameroun à travers leurs filiales de venir soutenir ce rugby camerounais qui en a besoin. Il y a d’excellents formateurs au niveau du développement, la gestion est surveillée de prêt par la World Rugby et Rugby Afrique.

Le rugby est le seul sport au Cameroun qui peut faire le plein d’un stade comme le football. Nous avons fait des stades pleins ici avec l’équipe nationale, cela peut se refaire.

Combien d’équipes féminines de rugby à 15 compte-t-on au Cameroun en ce moment ?

Il y en a 5 qui jouent au rugby à 15, et quatre d’entre elles pourront prendre part au grand regroupement du 20 février prochain. En marge du regroupement de toutes les équipes féminines et des jeunes, il yaura une belle compétition. Il y aura aussi le développement, c’est-à-dire des équipes mixtes où on trouve de nombreuses dames qui intègrent les équipes masculines. Au rugby à 15, on a quatre équipes féminines, et au rugby à 7, on peut en compter 10. Le rugby féminin n’est pas un parent pauvre mais a besoin de beaucoup de soutien et de travail sérieux pour le hisser à l’international.

Propos recueillis par David Eyenguè