Venu accompagner l’équipe nationale des A’, L’ancien joueur et entraineur des Léopards de la République Démocratique du Congo raconte sa mésaventure avec les  Camerounais.

Il y en a qui vous reconnaitrons certainement, mais pas mal  qui ne vous connaissent pas aussi. Cela vous plait de passer inaperçu ?

Ce n’est pas toujours le cas. Je suis Santos Muntubile (Jean Ndiela Muntubile de son vrai nom, ndlr). Il y a pas mal des Congolais des années 80 qui me connaissent. J’ai aussi des grands amis au Cameroun. J’ai joué avec plusieurs d’entre eux à l’époque, que ce soit ici au Cameroun ou en Europe. Je garde de bons souvenirs entre nos deux pays.

Quel âge avez-vous aujourd’hui ?

J’ai 62 ans. Voilà, ça passe vite hein…

Vous avez donné toute votre jeunesse au foot, et ce n’est pas fini…

Absolument !

Votre parcours ?

J’ai joué dans AS Bilima du Zaire. Je me rappelle j’avais je crois 20 ans ou 21 ans, je suis passé jouer ici contre le grand Canon de Yaoundé. C’était à Garoua. C’est nous qui avions inauguré le stade en question (Stade Roumdé Adja de Garoua, ndlr). Je me rappelle aussi que l’ancien président de la République du Cameroun, Ahmadou Ahidjo était sur place. On a fait un superbe match, et on a fait nul contre le grand Canon des Abega, Nkono, Aoudou, Mbida Arantes. C’était un superbe match.

Le match retour s’est joué à Kinshasa. C’est bien ça ? Et comment cela s’est passé ?

Ohhh ça s’est passé mal pour nous, et c’était normal. Ces gens-là avaient de l’expérience. Parce que jouer avec les Abega, Nkono, Mbida, ce n’était pas facile hein ! Ils nous ont compris au match aller, et au match retour, ils nous ont surpris à Kinshasa et ils ont ramené la coupe (après un match nul  de 2 buts partout à Garoua le 30 novembre, le Canon atomise Bilima 3 à 0 au stade du 20 mai à Kinshasa le 14 décembre 1980, ndlr). C’est un mauvais souvenir pour moi que j’ai gardé. C’est là-où cela a déclenché mon envie d’aller en Europe pour une carrière professionnelle. Quand ils nous ont battus, j’avais la honte de circuler même à Kinshasa. J’ai dit : bon je vais prendre mon avion pour tenter l’aventure professionnelle.

C’est à cause de votre défaite en finale de coupe d’Afrique des champions face au Canon de Yaoundé que vous êtes allé jouer en Europe ?

Absolument ! Je suis allé à Sochaux, puis j’ai joué à l’Olympique de Marseille. J’ai fait Bastia et Valenciennes où j’étais avec un de mes plus grands amis Camerounais, vraiment un frère au nom d’Eugène Ekeke que je n’ai plus vu depuis des années et que je cherche.

Après votre carrière de footballeur, vous avez embrassé une carrière d’entraineur, et là aussi, vous avez eu des titres…

Bien sûr, je suis l’entraineur qui a gagné le premier Chan (avec la RDC en Côte d’Ivoire en 2009, ndlr). Et je suis venu au Cameroun pour supporter mes enfants, pour qu’ils gagnent la 3ème coupe.

Quand on vit cette atmosphère au sein des supporters Congolais avec vous, on peut imaginer que vous êtes fiers d’être ici au Cameroun pays de footballeurs ?

J’adore ce pays. Parce que j’ai laissé pas mal d’amis ici. Douala n’est pas loin de Kinshasa. C’est à une heure et trente-cinq minutes de vol, mais on ne se voit pas souvent, les anciens footballeurs.

Que pensez-vous du Chan ?

C’est une très bonne initiative qu’Issa Hayatou a eue. Tout le monde regarde le football africain. Parce que souvent en Coupe d’Afrique (CAN), on voit des pros qui arrivent et prennent la place des locaux. Il fallait aussi une occasion de montrer ces locaux, parce qu’il y a de très bons joueurs.

Que pensez-vous de l’organisation de cette sixième édition au Cameroun ?

Ce n’est pas mal. Depuis que nous sommes arrivés, on est bien casé. C’est vrai que notre ministre a fait l’essentiel, en faisant venir plus de 150 supporters. Nous sommes parmi les pays ayant le plus de supporters dans les gradins. Ils sont là avec nous et tout le monde a reçu sa prime. C’est la première fois que je vois un ministre faire une chose comme ça. Bravo au ministre pour le boulot qu’il a fait et dont je ne m’y attendais. Souvent quand je voyage, c’est toujours catastrophique. Mais c’est la première fois que je vois un ministre des sports faire un boulot pareil.

Et depuis l’arrivée des supporters, l’équipe se porte mieux ?

Je crois que nous avons apporté un vent qui a boosté nos joueurs sur le terrain. Le passage obligatoire au test covid nous a pris un peu de temps à l’aéroport, et nous sommes arrivés un peu en retard au stade. Mais quand les enfants nous ont vus, ils ont bousculé les Libyens et ont obtenu l’égalisation.

Une égalisation en toute fin de match qui donne les allures d’une victoire ?

Chez nous on appelle ça Dzombo le soir. Nous sommes entrés au stade seulement à la mi-temps, et quand ils entraient sur la pelouse pour la seconde période, ils ont constaté que les animateurs faisaient déjà le boulot. Cela les a poussés, et nous avons obtenu le match nul. Bon boulot aux animateurs du Congo.

Propos recueillis par David Eyenguè