Ce joueur de 48 ans s’est tracé une autoroute sur son chemin vers les finales des deux catégories où il s’est inscrit dans ce tournoi Open de Tennis Papa Super et Bye Bye José.

Il n’a pas le geste académique enseigné et réclamé par les entraineurs de tennis. Il n’a pas la beauté du coup droit de Roger Fédérer, ou même la fluidité qui sort du revers de Stanislas Wawrinka. Il n’a pas le physique de mannequin de Yannick Noah, pas même la prise espagnole de raquette de Raphael Nadal. Mais, Kenneth Burinyuy a l’efficacité qu’il faut, le réalisme recherché chez tous les compétiteurs, et la hargne qui animent chaque joueur qui veut gagner. Cet ancien élève de Sacré Heart Collège de Bamenda voit aujourd’hui, à quoi aura servi le fait d’avoir les courts de tennis au collège : « j’ai commencé à jouer au tennis quand je suis entré en classe de sixième, j’avais alors 13 ans. Les parents étaient très regardants pour les résultats scolaires, et n’avaient pas besoin de savoir que vous avez des performances en sports. Donc  on s’est caché pour jouer, et malgré l’envie, on n’a pas pu faire le circuit national dans la discipline ». C’est donc depuis 35 ans, que ce passionné de tennis flirte avec les courts, les raquettes, et autres compétitions. Un temps suffisamment long pour connaître les dimensions des courts, et les difficultés que rencontre tout type d’adversaire. L’annonce de ce tournoi, et son caractère « Open »,  ouvert à tous les pratiquants de la discipline était pour lui, une occasion à ne pas rater. Bien que muté par  depuis quatre mois dans la ville de Bafoussam, ce cadre d’entreprise de distribution de produits pétroliers va accepter de faire la navette à chaque fois, pour venir jouer ses matches à Douala : « Il y a eu une idée géniale des organisateurs qui ont laissé la latitude à deux joueurs qui vont s’affronter, de définir le jour de leur match et s’entendre sur l’heure, avant de  proposer à l’organisation. C’est ainsi que tous mes adversaires m’ont permis de jouer avec eux quand je pouvais venir à Douala. Cela m’a beaucoup aidé ».

Kenneth Burinyuy s’est inscrit dans deux catégories de la compétition. Dans sa catégorie initiale, celle des joueurs âgés entre 45 et 55 ans, et  le règlement spécial de la compétition lui permettait aussi de s’inscrire dans la catégorie des plus jeunes (30-44 ans). Dans l’une et l’autre catégorie, le « Bamenda Boy » a déroulé. Mieux, il a ratissé. Certains disent qu’il a terrassé. Tour à tour, il a envoyé ses adversaires dans les gradins, au point de créer un « club des victimes de Kenneth », devenus ses supporters. Des performances qui lui ont donné droit à deux quarts de finales le même jour. Le matin du samedi 28 novembre 2020 , c’était Blaise Samuel Domtche qui subissait les affres du passage de Kenneth dans la série du 1er âge. Un match remporté en deux sets (6/4 -6/1). Le soir de ce même samedi, c’est Julot Ngongang qui est en face dans le quart de finale de la catégorie Hors-série (30-44 ans). Le joueur le plus technique de sa génération, l’ancien champion universitaire et actuel directeur des Systèmes Informatiques chez APM, verra son beau jeu dilué dans le réalisme et la hargne de vaincre de ce joueur venu de Bafoussam. En deux petits sets, il va plier l’affaire : 6/1, 6/2.

Les contraintes de calendrier vont obliger les organisateurs du tournoi, à programmer les deux demi-finales de Kenneth le lendemain, pour bénéficier au maximum de son week-end. Il sera encore programmé le dimanche 29 novembre face à Tekam Augustin : « c’est un joueur très expérimenté que je connais depuis plus de 20 ans. Je vais essayer de rester aussi calme que lui dans les échanges, et on verra le reste », nous a lancé Berinyuy avant le match. Un match qu’il va remporter avec panache en deux sets 6/1, 6/4.

Place à l’autre demi-finale programmée le soir dans l’autre catégorie. Fatigué par les matches précédents, le joueur n’a pas pu répondre aux difficultés que lui présentait Serges Kamdem en face. Une cinglante défaite s’en est suivie (0/6 – 0/6). Une défaite qui n’enlève rien à l’appréciation faite par Nana Nziguia Depollo, directeur du tournoi et par ailleurs, Directeur Technique National adjoint, à la Fédération Camerounaise de Tennis : « c’est la révélation de ce tournoi ». Après onze victoires d’affilées Kenneth Burinyuy tombe devant Serges Kamdem en demi-finale chez les hors-série. Il lui reste à jouer la finale dans la catégorie dite du premier âge, où il va affronter Michel Silinou.

David Eyenguè