Tour de France. Julian Alaphilippe a perdu le maillot jaune qu’il portait depuis la deuxième étape, à cause d’un bidon pris à moins de 20 kilomètres de l’arrivée de la cinquième étape.

Il l’avait gagné de hautes luttes lors de la deuxième étape de ce tour de France 2020. Le coureur Français Julian Alaphilippe qui avait déjà passé 14 jours en jaune l’année dernière commençait  à s’habituer à nouveau à la tunique la plus convoitée quand est arrivé le drame. Dans une cinquième étape de plat, avec en principe moins de difficultés à  conserver son maillot  à l’arrivée, le leader Français s’est vu pris au piège du règlement. Alors que le ravitaillement est interdit dans les 20 derniers kilomètres de chaque étape (sauf cas de force majeure d’autorisation de l’organisation), le maillot jaune est allé au ravitaillement. Il s’est saisi d’un bidon d’eau que lui tendait son cousin Franck Alaphilippe, pourtant assistant du directeur sportif de l’équipe Deceuninck-Quick Step, installé sur le côté droit de la route à 17,1 km de l’arrivée. Le règlement est impitoyable : « le coureur fautif doit perdre 20 secondes au classement général », une partie du règlement qui fait passer son concurrent direct, classé avant à quatre petites secondes,  sur la plus haute marche du podium à l’issue de l’étape.

Plusieurs leçons à retenir

Cette décision historique qui n’est pas isolée est une partie du règlement qu’on va largement re-enseigner dans toutes les écoles de cyclisme et de journalisme ces jours-ci, pour que nul n’en ignore. Le coureur Français pouvait se passer de cette sanction, s’il n’avait pas été altruiste : « C’est comme ça, c’est une décision officielle on ne peut rien y faire. C’était une étape très longue et ennuyeuse avec un final nerveux. On voulait rester concentré pour garder le maillot et faire gagner Sam Bennett », a –t-il déclaré à la presse. Malgré sa position de leader au classement général, Julian Alaphilippe a accepté de jouer les équipiers. Il s’est donc mis dans la peau de l’équipier pour travailler le gain du maillot vert de  Sam Bennett, son coéquipier qui “luttait” pour le gain du maillot vert. Si cet objectif  du maillot vert a été  atteint au bout de l’étape, l’équipe a tellement utilisé (essoré) son leader, que ce dernier  a eu soif dans une zone interdite, et s’est ravitaillé dans les 20 derniers kilomètres.

Des conséquences économiques énormes.

S’il est vrai qu’un jour passé avec le maillot jaune sur les épaules ne donne au porteur que 350 euros (environ 200.000 FCFA), les enjeux de ce port de maillot prestigieux vont au-delà des millions d’euros de contrats de publicité pour le coureur et son équipe, pour ses sponsors et pour son pays. En travaillant pour faire gagner le maillot vert à son coéquipier, Julian Alaphilippe a donné son maillot jaune contre un bidon, des millions d’euros de contrats différents pour 50 centilitres d’eau plate ou minérale (qu’importe), remis par son cousin Franck Alaphilippe pourtant  assistant, issu d’un recrutement complaisant. Quand les sentiments se greffent au professionnalisme, les résultats sont immédiats.

David Eyenguè