Tietsia Bertrand. Ce Camerounais garde la ceinture du champion d’Afrique de boxe professionnelle de la catégorie des mi-lourds  depuis 15 ans et veut un combat pour la défendre.

« Depuis 2005, je suis toujours le champion en titre de ma catégorie et voilà 15 ans que je n’ai pas de combat. J’ai toujours ma ceinture et je déplore cette manière de fonctionner. Si je dois perdre ma ceinture et mon titre, ça doit se faire sur un ring. J’ai même failli porter plainte au niveau de la Confédération Africaine de boxe. Je dois perdre ma ceinture après une défaite sur le ring, ou s’ils pensent que je l’ai perdue, qu’on me dédommage ». On le croyait à la retraite, mais Tietsia Bertrand alias Watabèlè dit attendre toujours l’organisation d’un combat pour la défense de sa ceinture de champion d’Afrique de boxe professionnelle, dans la catégorie des mi-lourds. A bientôt 48 ans, ce boxeur reconverti à l’entrainement pense qu’il ne lui faut pas une éternité pour être prêt à combattre, et ce ne sont pas les exemples de retours tardifs qui lui manquent : « J’ai 92 kilogrammes, et il ne me faut que six mois de travail pour revenir en forme dans ma catégorie. Certains vont parler de l’âge, et pourtant on a vu George Foreman revenir après plusieurs années et devenir champion du monde à 46 ans. D’ailleurs, Bernard Hopkins a arrêté sa carrière à 51 ans très récemment après avoir fait une longue période d’arrêt et un retour fracassant sur les rings ».

Une grande carrière et quelques regrets

De l’avis de plusieurs responsables de la boxe, Bertrand Tietsia aurait pu, avec un peu de discipline et de chance, ramener au Cameroun un titre de champion du monde. Alors que tous ses coéquipiers après les grandes compétitions,  sont à chaque fois restés en occident pour une meilleure carrière, Watabèle est revenu au train-train quotidien du Cameroun qui a contribué à son autodestruction. C’est avec un petit pincement que le boxeur lui-même évoque sa longue et brillante carrière : « Je crois que tout le Cameroun connait ce nom de Tietsia Bertrand. J’ai porté le vert-rouge-jaune dans les rings de boxe pendant de longues années dans les différentes compétitions à travers le monde. Championnats d’Afrique en Tunisie en 1996 et ma médaille d’argent m’a qualifié pour les jeux olympiques d’Atlanta de la même année. A ces jeux olympiques, j’ai été quart de finaliste. A tous les tournois de préparation de ces jeux, à Libreville ou à Windhoek, j’ai gagné la médaille d’or. Aux jeux africains de Johannesburg en 1999, j’ai été disqualifié pour la barbe. J’étais pourtant bien rasé, mais j’ai été disqualifié pour la barbe. J’ai été obligé d’aller chercher ma qualification en Egypte, au dernier tour de rattrapage. Là-bas, j’ai obtenu ma qualification pour les jeux olympiques de Sydned, d’où les Lions Indomptables du football ont ramené la médaille d’or en 2000. A Sydney, j’ai perdu au premier tour. Après je suis rentré au Cameroun et nous sommes allés aux jeux du Commonwealth à Manchester en 2002. J’ai été quart de finaliste. Après Manchester et le Commonwealth, nous sommes allés aux championnats du monde par équipes à Astana  au Khazahstan. Il y avait onze catégories et   J’étais le seul à avoir gagné mon combat. Tous les autres coéquipiers ont perdu les leurs et nous avons été éliminés très tôt. Après le Khazahstan en 2002, j’ai arrêté ma carrière chez les amateurs et je suis passé à la boxe  professionnelle. A mon premier combat, c’était déjà le champion d’Afrique en titre Nah Félix que j’ai battu par KO au quatrième round. Ce combat de professionnels avait eu lieu au terme des championnats d’Afrique, qualificatifs pour les jeux olympiques de 2004. Après, j’ai défendu ma ceinture contre Muka Dimanda au palais des congrès à Yaoundé. Je l’ai battu aux poings en 2005. C’était un boxeur Congolais basé en Espagne et à l’époque, challenger mondial numéro 1. Et depuis cette date, je n’ai plus boxé».

A son actif, deux participations  jeux olympiques, des championnats du Commonweath, des jeux africains, des championnats du monde, et une ceinture de champion d’Afrique de boxe professionnelle.  Une carte de visite qui devrait faire de l’homme une référence continentale du noble art. Avec un suivi particulier de cet artiste au punch lourd, la carrière de Tietsia Bertrand alias Watabèlè aurait pu connaître meilleure fin. Il a accepté depuis quelques mois, de se  reconvertir à l’entrainement sous la houlette de Jean Paul Mognemo, le directeur technique national de la fédération camerounaise de boxe. Mais Watabèlè dit qu’il n’est pas encore fini. Il espère que les mécènes et autres dirigeants du noble art africain vont écouter son cri pour la défense de sa ceinture sur le ring.

David Eyenguè