Cyclisme. Le Camerounais qui a remporté la plus longue étape de la 15ème édition de la Tropicale Amissa Bongo

                       n’a toujours pas touché sa prime de participation, comme tous ses coéquipiers de l’équipe.

 

Le cycliste Camerounais n’en revient toujours pas. Remporter une victoire d’étape à la course la plus difficile d’Afrique, avec des professionnels dans le peloton, cela semblait utopique jusqu’à ce 23 janvier 2020. Pour la 4ème étape, la plus longue de la boucle (190 km entre Lambaréné et Mouila) , le Camerounais était parti à une échappée après seulement 32 kilomètres de course. Un peu plus de 150 kilomètres d’efforts à l’avant en compagnie du Marocain Savahi, du Burkinabè Abdoul Aziz Nikiema et du Rwandais Joseph Areruya, le Camerounais avait joué d’intelligence pour coiffer d’un rayon,  le Rwandais sur la ligne d’arrivée de l’étape. Une victoire historique qui libérait le natif de Yaoundé: « c’est la plus belle victoire de ma carrière, parce que gagner une étape d’une course de catégorie 2.1, ce n’est pas donné à n’importe qui. Aujourd’hui, j’avais mes jambes, je suis allé chercher cette victoire ». Au bout de 190 kilomètres d’efforts, Kamzong Abossolo inscrivait, avec ses cinq autres coéquipiers, le nom du Cameroun parmi les rares pays d’Afrique à avoir remporté une étape de la prestigieuse course Gabonaise, presqu’acquise aux professionnels venus d’Europe. Et pourtant, on apprendra toujours de la bouche du champion : « pour venir à cette course et pour la dizaine de jours à l’étranger, je suis parti du Cameroun avec 2000 francs cfa ». Incroyable, pour avoir le courage d’aller chercher une victoire d’étape, lui rétorquait le journaliste Français, et pourtant c’est vrai !

Retournés au pays le 28 janvier 2020 avec l’espoir d’être reçus par le ministre des sports au minimum, les cyclistes Camerounais ont essuyé une déception à la hauteur du rejet de la discipline par le patron des sports. Aucune réception, même pas une lettre d’encouragements, encore moins les primes de participation à cet événement mondial en qualité d’équipe nationale du Cameroun. Trois mois après l’exploit, les coureurs de notre équipe nationale sont toujours sans primes, comme nous l’a avoué Bruno Eloumou, le Sécretaire Général de la Fédération Camerounaise de Cyclisme (FCC) : « La FCC, sur moyens propres, fait régulièrement participer l’Equipe Nationale, qui est la propriété de l’État faut-il le rappeler, à plusieurs épreuves cyclistes internationales en Afrique notamment. La dernière participation de l’Equipe Nationale à la Tropicale Amissa Bongo au Gabon, couronnée par une éclatante et historique victoire d’étape la plus longue de Clovis Kamzong Abossolo, est un fait d’armes dû aux efforts exclusifs de la Fédération. Trois mois après, même les primes officielles d’encouragement aux héros de cette expédition ne sont pas payées par le MINSEP ». Une sortie qui trahit le désamour du patron des sports avec la petite reine, lui qui avait déjà été rappelé à l’ordre par le Cabinet civil de la présidence de la République pour le lancement du Grand Prix Chantal Biya 2019 à Dimako. Peut-être que les cyclistes sont aussi attendus dans le cercle des sportifs qui revendiquent publiquement leurs primes en marchant vers le ministère des sports, pour être entendus.

David Eyenguè