Une légende s’en est allée

Fouda Toussaint. Il n’a pas célébré sa 62ème fête de Pâques, celui qui a écrit plusieurs pages de l’histoire du cyclisme au Cameroun et en Afrique.

 

La famille du cyclisme Camerounais est endeuillée. Une des légendes de cette discipline des années 70-80 s’en est allée ce dimanche de Pâques 2020 après une longue et remarquable carrière dans la petite reine avec le maillot du Cameroun. De l’avis de ses coéquipiers, c’était un homme étrangement bon avec les coureurs, et farouchement opposé aux mauvais dirigeants. Fils d’Etoundi Hyppolite,  un inspecteur des écoles primaires et dont la maman, Mme Etoundi née Ngono Irène officiait comme secrétaire au lycée Leclerc de Yaoundé, il choisit contre toute attente, de se mettre à la petite reine alors qu’il n’a que 15 ans et  élève au Collège Technique et Industriel (CTI) de Yaoundé. Il prendra le premier départ d’une course officielle à cet âge, et ne quittera  les pistes et le guidon que très tard en 1990, pour se lancer dans l’encadrement.

 

Dieudonné Ntep, actuel entraîneur de l’équipe nationale de cyclisme du Cameroun se rappelle comme si c’était hier, leurs épopées : « Le Préfet du Mfoundi lui offre un vélo en début de saison 1974/1975. Il entre à l’Equipe Nationale en 1977 pour la Boucle du Café en Côte d’Ivoire remportée par Manga Joseph du Cameroun; et le Cameroun sort 1ère au général par équipe. Fouda Toussaint alias Herera, Lee Gercanos remporte sa 1ère victoire en 1977 lors d’un Critérium sur le circuit de l’Hippodrome (actuel CNPS et Hôtel de ville) de Yaoundé ». Des performances qui lui ouvrent les portes de l’équipe nationale comme athlète, pour un tour du monde sur un vélo. Il participera tour à tour  aux Championnats du Monde Militaire de Cyclisme à Tripoli e 1978, puis aux  jeux olympiques de Moscou en 1980. Avec l’équipe nationale du Cameroun, il gagne le tour de Côte d’Ivoire en 1982 et le tour du bas Zaïre de la même année, mais se voit suspendu pour six mois pour avoir répondu à un mauvais comportement d’un encadreur qui avait dissimulé les survêtements, nous révèle Feutsa Lucas, un de ses coéquipiers : « Moi j’arrive à l’équipe nationale au moment où Fouda Toussaint, Thomas Siani et Dieudonné Ntep sont suspendus pour six mois, alors qu’ils reviennent d’une expédition victorieuse au Zaïre. Ce n’était d’ailleurs pas sa seule suspension. Alors que nous passons un mois de stage en Italie pour la préparation des jeux olympiques de Los Angeles, il est encore suspendu pour avoir réclamé un meilleur traitement des athlètes ». Il ne participera d’ailleurs pas à ces jeux olympiques, mais va représenter le Cameroun à plusieurs compétitions internationales après, comme les jeux africains de Nairobi en 1987. Capitaine de l’équipe nationale du Cameroun de 1982 à 1987, il va arrêter sa carrière en 1990 et va occuper quelques postes de responsabilités dans l’encadrement comme entraineur adjoint de l’équipe nationale sous Jean Philippe Duracka. La dernière fois qu’on a vu le nom de Fouda Toussaint dans les documents de la fédération, c’était dans la sous-commission technique du grand prix Chantal Biya en 2012. Il décède ce 12 avril 2020 à l’âge de 62 ans. Salut l’artiste !

David Eyenguè