Confinement. Les sports collectifs pratiqués pour le maintien de la forme, se rapprochent des regroupements qui font partie des restrictions. Il faut bien trouver une porte de sortie comme le vélo.

De nombreux Camerounais des  grandes villes avaient la pratique des sports comme le football pour le maintien de la forme. D’autres s’étaient déjà habitués à des marches ou des courses en groupes dans les espaces comme le parcours vita. Depuis l’entrée en vigueur des mesures de distanciation sociale, mesures barrières au corona virus, il a fallu trouver d’autres moyens pour garder sa forme en pratiquant du sport. Ils sont nombreux qui ont fait un retour vers le vélo, aidés par les enfants eux-mêmes confinés à ne rien faire à longueurs de journées. Constant Dongmo a été contraint pas sa progéniture, à faire dépanner toutes les bicyclettes qui étaient dans son magasin : « comme les enfants ne trouvent pas suffisamment de choses pour meubler leurs journées, ils ont retrouvé la dizaine de vélos qu’on avait mis au magasins, en attendant d’aller les offrir, comme tous les ans, à leurs cousins au village lors des vacances. Plusieurs parmi  ces vélos avaient quelques pannes, et j’ai dû appeler un mécanicien à la maison pour les réfections.  Certains déjà très grands pour leurs vélos, on a été obligé d’acheter de nouveaux  ».

La grande cour de cette famille qui habite le 5ème arrondissement de la ville de Douala est donc devenue le terrain de plusieurs séances de vélo, ce qui a attiré l’attention des voisins qui se sont prêtés au jeu. Pour d’autres adolescents relativement plus grands, l’espace familial semble être restreint, et ils ont rejoint la chaussée avec leurs machines. On rencontre donc, de plus en plus des pédaleurs sur les chaussées de la ville, certains accompagnés par leurs parents qui jouent les protecteurs. « Comme on a fermé toutes les arènes de sports, je me contentais du vélo de salle que j’ai à la maison, mais une fois que j’ai accompagné deux de mes enfants sur la chaussée, j’ai vu la différence, et j’étais obligé de prendre mon vélo aussi avec lequel je vais tous les soirs maintenant,  faire mon sport. J’en ai parlé à des collègues qui ont fait le même choix.  Mais il faut ajouter que  les prix ne sont plus  ceux qu’on connaissait  dans les brocantes », nous a avoué Constant Dongmo. Un témoignage que confirme Yannick Nanko, cet ancien Lion Indomptable de cyclisme, reconverti en mécanicien de vélos dont le garage ne désemplit pas depuis deux semaines : « Il y a des gens qui avaient oublié leurs vélos en réparation depuis, et ils reviennent maintenant mettre la pression pour rentrer en possession de leurs machines. Il y a aussi beaucoup de demandes d’achats, mais comme les frontières sont fermées, il n’y a pas beaucoup d’espoir d’avoir des livraisons ces jours-ci. Ce qui fait grimper automatiquement les prix des vélos encore dans les magasins ». La pratique du vélo répond à plusieurs besoins, autant qu’elle respecte les mesures édictées par le gouvernement. Avec le vélo, chaque propriétaire trouve un moyen d’évasion de ce confinement qui se rapproche selon certains, d’une privation de liberté de se mouvoir.

David Eyenguè