Aéroport international. Les journalistes ne sont pas toujours les bienvenus dans cette institution, surtout s’ils s’intéressent aux conditions sanitaires observées pour les arrivées des voyageurs.

 

Dans un bureau de l’autorité aéronautique ouvert à l’entrée du parking des véhicules d’accompagnateurs, les visiteurs doivent demander l’accès à l’aéroport. La dame visiblement chef de cette bureau,  vous demande de vous référer à la note collée à sa fenêtre. Il y est inscrit le message suivant : « les demandes de badges pour accéder à l’aéroport international de Douala doivent être effectuées au minimum 72 heures avant l’événement… » Ce sera une erreur de décliner mon identité, et le média pour lequel je travaille. Pas de négociation possible, si ma hiérarchie n’appelle pas la leur. Un petit tour suffit pour détourner l’attention et me retrouver au bureau du commissaire divisionnaire, commandant de la  police en service ici, pour une demande expresse. « Le Commissaire est sorti, et je ne sais pas à quelle heure il sera de retour. Allez faire un tour, si vous voulez, et revenez après », me lance l’inspecteur qui occupe le secrétariat. Mais avant, une autre dame commissaire que j’ai approchée m’avait déjà dit de ne pas rôder là, « vous ne pouvez pas venir travailler ici ». Et pourtant…

Un coup d’œil jeté au tableau électronique où défilent heures de départs et arrivées de vols, on peut bien voir que les personnes multiples qui descendent d’avion arrivent d’Adis-Abeba, du vol ET905 de la compagnie Ethiopian Airways. Ils sont nombreux à porter des masques sur le nez, et aucun à faire pour remarquer qu’il y a plein d’Asiatiques. Un des passagers, porte même fièrement un tee-shirt où il est inscrit en gros caractères « CHINE ». Tous nos efforts pour lui arracher un mot ont été vains. Cinq autres débarquent et échangent un peu avec lui avant de se précipiter dans le parking où est garée une voiture de marque Toyota, un pick-up double cabine immatriculé CE 910 JH. Deux Camerounais et un Chinois attendent au bord de la voiture au moteur ronflant. Le Chinois n’est pas très tendre au téléphone avec son interlocuteur, vu la puissance du ton employé. Quelques civilités d’accueil, et nos cinq Chinois s’engouffrent dans le pick-up qui démarre en trombe à 13 heures et 33 minutes, sous les yeux d’une foule médusée. Notre étonnement et celui de certains Camerounais venus attendre leurs parents est battu en brèche par un porteur : « Qu’est-ce qui est étonnant là ? Depuis qu’on a déclaré le corona virus, tous les vols qui atterrissent ici sont pleins de ces gens. Il y a au moins 10 Chinois dans chaque vol, nous en sommes habitués ». Même si tous les policiers de l’aéroport ont en plus de leurs belles tenues propres, des masques et des gants de protection et qu’on nous affirme que les mesures sanitaires sont respectées dès la descente d’avion, ces entrées multiples de Chinois devraient faire réfléchir sur le vrai état de la maladie dans la ville de Douala.

David Eyenguè