Le champion du Cameroun de natation prépare les jeux olympiques depuis quelques mois en France où il doit faire avec le confinement obligatoire.

C’est à Mbouroukou, une banlieue  située à 9 kilomètres de la ville de Melong, que Charly Ndjoume voit le jour le 11 novembre 1989. Le jeune élève doit rejoindre sa sœur aînée, mariée à Douala qui lui conseille l’athlétisme comme discipline sportive, à cause de sa grande taille. Une discipline que le garçon doit pratiquer au collège jusqu’en classe de troisième, alternant avec la natation que lui a conseillé Roger Tonfa. Ce dernier, entraineur régional de Natation du Littoral voit plutôt en ce jeune athlète, des capacités d’aller titiller tous les records dans les bassins du Cameroun. L’entrainement devient intense, Charly est plus présent dans les bassins que dans l’enceinte de l’établissement scolaire, au Collège Intac à Bepanda dans le 5ème arrondissement de Douala. La natation va prendre le dessus, et Charly bénéficiera de l’accompagnement de son beau-frère Ernest Kafack, et doit faire équipe mixte à l’entrainement avec Kafack Lisa, sa sœur. Depuis le départ de Daniel Edingué en 2012, Charly Ndjoume rafle tout dans les bassins en Nage libre, Dos crowlé ou papillon : « Je ne trouve pas d’adversaire dans les compétitions sur trois des quatre disciplines. Il n’y a que la brasse qui me voit souvent arriver au deuxième rang de toutes les courses ». L’athlète commence à s’ennuyer et veut passer à autre chose.

Le triathlon s’offre à lui.

Pour parcourir régulièrement les 10 kilomètres qui  séparent la maison familiale de la piscine de la cité-sic pour ses entrainements individuels, Charly Ndjoume va se faire offrir un vélo par son beau-frère. Au moins 20 km par jour, cela donne aussi des aptitudes de cycliste. Edwige Ngassam arrive au Cameroun avec son association de triathlon et cherche des sportifs pour les compétitions qu’elle veut organiser : « étant donné que nous  savions  déjà nager ça devait être plus facile pour nous. Après son départ, Roger Tonfa qui était déjà mon formateur en natation va m’encourager à continuer, puisque j’avais déjà l’ait l’athlétisme (course à pieds), et je faisais du vélo pour venir aux entrainements de natation. Le triathlon, je le pratiquais déjà sans le savoir. Il a donc été moins pénible pour moi que pour les autres ». L’année 2019 sera pour Charly Ndjoume, une année de grands défis. Il est qualifié pour les 18èmes  championnats du monde de natation du 12 au 28 juillet 2019 à Gwangju en Corée. Le seul athlète Camerounais fait bonne figure : « une performance de 28 secondes et 48 centièmes à l’épreuve des 50 mètres nage Libre. Une performance qui me qualifie directement pour les jeux olympiques de Tokyo, pas pour avoir fait la performance des minimas requis, mais  par solidarité olympique dont bénéficient certains pays en voie de développement ».

 

Champion d’Afrique du triathlon en Tunisie

L’année d’avant en 2018 du 4 au 8 mai, il avait déjà représenté le Cameroun au championnat d’Afrique de triathlon. « Dans la catégorie d’âge 30 – 35 ans, je suis champion d’Afrique avec une performance de 1h et 12 minutes. Les disciplines sont : 750 m de natation, 20 km de vélo et 5 km de course à pied. Une performance qui me qualifie pour les championnats du monde du triathlon de Lausanne en Suisse ». Du 28 août au 2 septembre 2019, Charly Ndjoumé porte à nouveau les couleurs du Cameroun en Suisse. Malgré une chute lors des 20 km de vélo, il améliore sa performance de Tunisie : « Je suis 20ème sur 98 athlètes de ma catégorie dans le monde, et je fais, pour les mêmes distances qu’en Tunisie, un chrono de 1h et quatre minutes en ayant explosé dans les 750 mètres de natation ». Il n’échappera pas aux yeux des recruteurs qui lui proposent un encadrement en France, où il a déposé ses valises depuis l’hiver.

 

Aller battre le record du Cameroun aux JO en 2021

Passé la période d’adaptation, le multi athlète du Cameroun s’est vu établir une licence de nageur dans le 93 à Paris : « je suis au club nautique d’Aubervilliers », un club où Charly s’entraine depuis deux mois, et améliore au quotidien ses performances qu’il réalisait au Cameroun.

« Au 100m nage libre j’étais à 1’08’98. Actuellement, je  suis à 1’05’02. Aux 50 mètres nage libre,  j’étais à 30 secondes et  maintenant je  suis à 27 ». Le record du Cameroun des 100 mètres nage libre détenu par Daniel Edingué et qui est de 1’01’’ n’est pas loin de Charly Ndjoumé : « Je vais me battre cet été pour l’améliorer ». Au courant de son ascension fulgurante, l’ancien champion du Cameroun et recordman du 100 m nage libre est d’ailleurs allé le visiter dans son club : « Daniel Edingué qui ne nage plus à cause d’une vilaine blessure au genou, est venu me voir pour m’encourager ». Les jeux olympiques qu’il prépare ont été renvoyés d’un an à sa grande satisfaction : « C’est une bonne chose qu’on ait renvoyé les jeux en 2021. Je vais y arriver mieux préparé et plus expérimenté ». En attendant, Charly Ndjoumé  doit s’adapter à la restriction imposée par le corona virus : « Je suis à Ales dans le sud de la France où j’ai un programme personnel d’entrainements qui est de 50 km de courses à pieds dans les sentiers en randonnées, puis 15 heures de travail à sec, puisque toutes les piscines sont fermées ». L’athlète Camerounais espère sortir plus fort de cette période de confinement, et compte aller battre les records du Cameroun de natation aux jeux olympiques de Tokyo en 2021.

David Eyenguè