Bruno Fondjo. Ce  tennisman du dimanche vient de vivre les pires semaines de son existence, à cause de  corona virus. Entre confinement  et emprisonnement il n’y a pas eu beaucoup de différence.

Il a le même emploi de temps qui intègre plusieurs voyages à l’étranger, depuis qu’il est délégué médical. Un domaine d’intermédiaire entre les laboratoires qui fabriquent les médicaments, et les médecins chargés de les prescrire aux malades : « Mon métier et ma profession m’imposent d’être constamment à l’extérieur du pays, puisque je travaille avec certains laboratoires, et nous avons des formations continues ». Les mois de mars et d’avril 2020 sont à enlever de son histoire, selon lui : « Lorsque l’Etat a pris la décision de fermer les frontières, je me trouvais en Côte d’Ivoire, et cela a été tellement brutal pour nous, car juste après avoir décidé, l’Etat a fermé les frontières. Ayant terminé ma mission à l’étranger, j’ai passé une dizaine de jours supplémentaires».

Le Cameroun offre à ses enfants une opportunité pour retourner au pays. Un avion spécial est affrété : « Nous étions plusieurs Camerounais ou résidents du Cameroun en Côte d’Ivoire. On a annoncé  un vol spécial de rapatriement. Nous disons merci au gouvernement d’avoir permis que nous rentrions au pays ».  Et pourtant, Bruno Fondjo et ses compères venus de Côte d’Ivoire devaient vivre un confinement forcé qui ressemble à un enfermement carcéral : « Nous sommes entrés au pays le 31 mars vers 13 heures, par l’aéroport international de Yaoundé Nsimalen. Il y avait des bus qui nous attendaient dans lesquels nous sommes entrés et on nous a transportés pour le centre-ville. Du parcours de l’aéroport vers la ville, nous étions hués. Les gens criaient corona, corona, rentrez, ne venez pas ici. Nous avons été très choqués, de rentrer dans son pays et arrivé dans ton pays,  tes concitoyens, tes frères et tes sœurs t’accueillent de la manière en te demandant de rentrer. Le lieu de confinement n’était pas précis. Parce qu’on a fait le tour de quatre hôtels, et avant de trouver un  Hôtel où nous avons été logés».

Alors que Bruno Fondjo  imaginait  un logement à l’hôtel plus calme et moins stressant, il doit affronter douze autres jours d’insalubrité contre son gré : « A l’hôtel, j’étais dans une petite chambre, on ne change pas de literie, on ne vous change pas de serviettes, on ne fait pas de nettoyage, la chambre est sale, mais vous êtes obligés d’y vivre. Pas de climatisation. Le propriétaire de l’hôtel ne sachant pas quand et comment on va payer ses factures, était obligé de réduire le confort. On transpirait jours et nuits. Quand on veut vous servir à manger, on toque à votre porte et on vous donne votre gamelle. On dépose de l’eau à votre porte, vous sortez pour la prendre. Ce n’était pas du tout gai. Il nous a fallu beaucoup de moral pour vivre dans ces conditions. Il fallait qu’on soit confinés afin d’être rassurés que nous sommes en très bonne santé pour préserver nos familles et nos proches ».

Cette petite prison, aux dires de Bruno Fondjo, ne va durer que douze jours. Lui et ses « camarades de combat » seront libres avant d’avoir passé les 14 jours requis pour le confinement : « des prélèvements ont été faits. Quand les résultats étaient négatifs, ils nous ont libérés, mais nous avons signé un engagement de continuer le confinement à domicile ».

C’est avec un grand soulagement que le tennisman du dimanche a accueilli la nouvelle du déconfinement qui a aussi permis la réouverture des courts de tennis de Happy sport après un mois de fermeture : « L’ouverture des courts  de tennis de Happy sport aujourd’hui est un grand soulagement pour moi. Surtout pour la pratique du sport qui m’a manqué depuis plusieurs semaines. Avec le tennis, on a la chance de ne pas être proche de son adversaire (on est à 24 mètres de distance, ndlr). En dehors du double qui doit être proscrit, en jouant le simple, on est hors de danger ». Du 17 mars au 2 mai 2020 cet homme libre a goûté aux conditions que vivent les  prisonniers,  sans avoir été condamné.

David Eyenguè